Guide Internet à destination des collectivités locales de Bourgogne pour la promotion
des achats responsables de bois dans les marchés publics

Où acheter du bois responsable en Bourgogne ?

Présentation de la filière bois

Avec près de 960 000 hectares de superficie, soit plus de 30% de la superficie régionale, la forêt façonne de nombreux paysages de Bourgogne et joue un rôle clé dans son économie.

Le chêne, roi de la forêt bourguignonne

L’histoire du chêne est intimement liée à celle de la Bourgogne. Aujourd’hui encore, ce bois est transformé en merrains qui sont assemblés en tonneaux pour l’élevage des grands vins. De nombreuses églises et bâtiments historiques ont conservé leur charpente et leurs menuiseries originelles en chêne, ce qui prouve, si besoin était, la durabilité naturelle de ce bois. Egalement très apprécié pour la fabrication de meubles et l’ébénisterie, de nombreuses entreprises artisanales se sont spécialisés dans sa transformation. Avec 600 000 hectares de superficie, le chêne constitue donc une ressource d’importance pour la Bourgogne, même si l’on constate une récolte régulièrement en baisse depuis plusieurs années. D’autres feuillus comme le hêtre, souvent naturellement en mélange avec le chêne, viennent enrichir la biodiversité des forêts et élargir la gamme des essences transformables par les entreprises locales. Enfin, depuis la seconde moitié du XXe siècle, essentiellement dans le Morvan, d’importantes surfaces de résineux (douglas) ont été plantées sur des friches agricoles ou en substitution de forêts de feuillus. Ces plantations ont été à l’origine de controverses puisqu’elles modifient les paysages et l’environnement. Aujourd’hui, un consensus semble se dessiner sur la nécessité de ne pas augmenter la superficie de douglas. L’enjeu est désormais de gérer l’existant et d’assurer la continuité de la ressource pour d’une part améliorer la sylviculture (mélange avec des feuillus, irréguralisation) et d’autre part améliorer la qualité des bois exploités.

Une filière bois créatrice d’emplois, mais fragile

Une des spécificités de la filière bois est de créer de nombreux emplois en milieu rural et de permettre ainsi un aménagement du territoire équilibré. En Bourgogne, toute la chaine de valorisation du bois est représentée, de la sylviculture à la seconde transformation, avec un nombre croissant d’emplois. Plus les entreprises se situent en aval de la filière et plus elle créent de valeur ajoutée. Au total, ce sont près de 15000 emplois qui dépendent directement de la ressource en bois répartis au sein de 2800 établissements. Ce chiffre est en baisse depuis plusieurs années pour différentes raisons : mécanisation dans l’exploitation forestière ou crise de l’ameublement dans la seconde transformation, les entreprises de première transformation résistant jusqu’à présent assez bien. Toutefois, cette situation reste précaire : l’implantation, en projet ou réalisée, de plusieurs grosses unités de sciages de résineux pourraient déstabiliser très profondément la filière. Cette évolution conduirait à la fermeture de nombreuses scieries dans des territoires où elles jouent pourtant un rôle essentiel : elle constituent souvent le principal employeur sur la commune et offrent un service de proximité. Par ailleurs, une trop forte concentration pourrait créer une situation de monopole, déstabiliser les cours du bois et hypothéquer la durabilité économique de l’ensemble de la filière.

Et si l’avenir était au bois local ?

Avec une pénurie de pétrole inévitable à plus ou moins long terme, et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, une filière bois local dynamique est une assurance pour l’avenir. En effet, si aujourd’hui il revient encore moins cher d’importer de l’autre côté de la planète des produits en bois, cette situation pourrait s’inverser rapidement. La filière bois bourguignonne est donc à la croisée des chemins : face à une concurrence accrue liée à la mondialisation, l’innovation est indispensable. De nouvelles formes de coopération économiques, comme la plateforme Bois Durable de Bourgogne, sont en train de se mettre en place pour pallier la faible capacité individuelle d’investissement des entreprises. Dans le cadre de la charte forestière du Morvan, plusieurs entreprises artisanales se sont regroupées pour mutualiser le coût d’achat d’une cellule de séchage.

Bois Durables de Bourgogne : un exemple de coopération entre entreprises

Tout commence en 2001 avec l’organisation par l’interprofession régionale Aprovalbois d’un groupe de travail sur les technologies innovantes de traitement du bois. Pour se mettre en conformité avec la directive européenne biocide, les entreprises doivent, en effet, trouver des alternatives aux traitements classiques du bois (imprégnation de sels métalliques par autoclave) dont l’impact sur l’environnement est controversé. Plusieurs technologies sont en train d’émerger sur le marché dont le traitement thermique des bois. L’idée est de chauffer les bois pour en modifier la structure moléculaire (lignines et hémicelluloses) et ainsi en améliorer la résistance aux champignons et aux insectes. De plus, ce type de traitement permet de donner des teintes proches des bois exotiques à des bois locaux ce qui correspond à une demande du marché.

Quelques années plus tard, en novembre 2009, une plateforme de thermochauffage de 1200 m² est inaugurée à Vendenesse-les-Charolles en Saône-et-Loire. Ce projet est le fruit de la coopération de six entreprises (Ducerf, Margaritelli, Petitrenaud, Barlet, Fuyet et les Scieries réunies du Charolais). L’investissement d’environ 2 millions d’euros est soutenu par la Région Bourgogne et le fonds Oseo. Pour l’instant, un seul four a été installé, mais les pistes de développement sont nombreuses car la demande est forte. Le bois des entreprises partenaires est prioritaire mais la plate-forme peut aussi traiter à façon les bois apportés par d’autres entreprises. Grâce à cette plateforme, il est désormais possible de valoriser un bois comme le hêtre, dont le cours s’est effondré, mais qui, une fois chauffé, peut être utilisé pour un bardage ou platelage extérieur en substitution d’un bois exotique.

La clé de ce succès ? Des entreprises qui ont appris à se connaitre, à travailler ensemble et, au fil des ans, une confiance suffisante pour lancer un projet de cette envergure.

La diversification et l’optimisation des processus de transformation est également une piste pour résister à la concurrence. Un nouveau secteur est, par exemple, en train d’émerger : la valorisation des pièces de bois invendables (chutes, coursons, déclassés) par un processus de recoupe (aboutage) puis d’assemblage pour fabriquer des pièces de bois utilisables en menuiseries (carrelets). Cette technique permet ainsi de fabriquer des menuiseries en bois local à un prix concurrent des bois exotiques.

Quand les déchets des uns sont la ressource des autres : l’exemple des carrelets de bois

Principal fabricant français de tables en chêne massif, l’entreprise familiale Roblot, installée à Beire-le-Châtel en Côte-d’Or, a fait le choix de la diversification. Alors que, dans les années 1990, l’entreprise a connu un développement économique important, elle doit, depuis, faire face à la crise de l’ameublement et à une baisse des commandes. Plutôt que de baisser les bras, l’entreprise a d’abord misé sur la vente directe en organisant, chaque année, une vente d’usine, puis a fait le choix d’investir dans une nouvelle gamme de produits : le bois reconstitué. L’idée est de récupérer les pièces de bois inutilisables, de les abouter et de les coller pour proposer tout type de sections rectangulaires (carrelets pour la menuiserie, poutre, poteaux...). Pour créer cette nouvelle unité, l’entreprise Roblot a aménagé un espace de 2500 m² et investit 2,3 millions d’euros. Pour l’instant, faute d’une demande suffisante, l’entreprise ne travaille pas avec des menuiseries bourguignonnes mais souhaite développer ce marché. Deux autres entreprises (Les Bois Profilés et La Bourguignonne, en Saône-et-Loire) peuvent également proposer des carrelets en bois local. Pour garantir la solidité et la qualité des produits, les trois entreprises sont certifiées par l’institut technologique FCBA avec la marque CTB-LCA, spécifiques aux carrelets aboutés destinés à un usage en menuiserie extérieure. Pour soutenir le développement de cette nouvelle filière, il est possible dans un marché public de demander explicitement des menuiseries en carrelet de bois et faire référence à la marque CTB-LCA.