Guide Internet à destination des collectivités locales de Bourgogne pour la promotion
des achats responsables de bois dans les marchés publics

Qu'est-ce qu'un achat responsable de bois ?

Questions et réponses

  1. En achetant du bois tropical, je contribue peut-être à la déforestation ?

    Réponse : vrai

    Les causes de la déforestation sont nombreuses, variables d’une région à l’autre et bien souvent imbriquées : l’exploitation forestière, en particulier lorsqu’elle est illégale, peut contribuer à la déforestation. En effet, si cette exploitation conduit à une surexploitation de la forêt ou à une destruction de la capacité naturelle de régénération, la forêt est fragilisée et beaucoup plus sensible aux perturbations comme les sécheresses ou les incendies. Indirectement, l’exploitation forestière dans les massifs de forêts primaires conduit à l’ouverture de routes qui sont autant de voie d’accès pour une future conversion en champs de cultures de rente (huile de palme, soja, cacao...).

    Pour limiter le risque de contribuer à la déforestation en achetant un bois exotique, il est souhaitable de demander, au minimum, que le bois soit écocertifié par le label FSC.

  2. Il faut boycotter les bois exotiques !

    Réponse : faux

    Dans de nombreux pays forestiers, l’exploitation forestière et le commerce du bois n’ont pas eu d’impact significatif en terme de développement. Pire, à cause de la corruption, de la mauvaise gouvernance et de l’absence de participation des communautés locales, ce commerce peut conduire à un accaparement des revenus par une minorité et à un appauvrissement des populations forestières qui voient leur environnement dégradé et leurs ressources disparaître.

    Pourtant, il existe des alternatives : la certification permet de garantir un minimum de retombées économiques pour les populations mais surtout le développement de la foresterie communautaire permet, à l’instar du commerce équitable, de construire des filières de commercialisation plus justes et plus équitables. Le commerce de bois exotique écocertifié FSC et issu de forêts communautaires n’en est qu’à ses balbutiements. Raison de plus pour l’encourager.

  3. Si je vois un label, je peux acheter du bois tropical en toute confiance ?

    Réponse : faux

    Malheureusement, les certifications étant des marques privées, il existe une véritable jungle des labels. En effet, plutôt que de modifier leurs pratiques pour obtenir un label exigeant, de nombreuses entreprises préfèrent se regrouper pour créer leur propre label, souvent beaucoup plus complaisant.

    Aujourd’hui, le système de certification FSC (Forest Stewardship Council) est considéré comme le plus crédible et bénéficie, à ce titre, du soutien des grandes ONG internationales.

    Pour aider les entreprises et les gestionnaires de forêts à obtenir cette certification, différentes initiatives existent, le plus souvent portées par des ONG comme Tropical Forest Trust, le WWF (Réseau Commerce et Forêt) ou encore Rainforest Alliance (Smartwood). Lorsqu’une entreprise s’engage dans un de ces processus, cela ne signifie pas que le bois qu’elle exploite ou commercialise est équivalent à un bois certifié FSC, mais cela signifie qu’elle a mis en place des procédures permettant, à plus ou moins long terme, d’obtenir cette certification.

  4. Acheter du bois tropical de plantation, c’est mieux qu’acheter du bois de forêt naturelle ?

    Réponse : vrai et faux

    C’est l’une des idées fausses les plus répandues, d’où l’utilisation abusive par les entreprises de slogans comme « bois de plantation » ou « un arbre coupé, un arbre planté ». Une forêt bien gérée n’a pas besoin de plantation : lorsqu’un arbre est coupé, il crée une ouverture dans la canopée et un puits de lumière qui permet aux plus jeunes de pousser. Si une plantation d’arbres peut-être gérée de façon écologique (petite surface, diversité d’espèces locales et adaptées, gestion par les communautés...), dans la pratique, l’essentiel des plantations actuelles sont des monocultures d’arbres à croissance rapide comme l’eucalyptus. En Amérique Latine, cet arbre est surnommé « l’arbre de la soif » car il pousse tellement rapidement (il est récoltable au bout de 7 ans) qu’il assèche les rivières et prive les communautés d’eau. Une journée internationale d’arrachage d’arbres est même organisée, chaque année en septembre, pour protester contre l’envahissement des monocultures.

  5. Les forêts françaises disparaissent !

    Réponse : faux

    Au contraire, les forêts françaises sont globalement en extension depuis plusieurs décennies, essentiellement à cause de la déprise agricole. La superficie forestière française est deux fois plus étendue qu’il y a seulement un siècle et demi1. En réalité, l’enjeu n’est pas tant quantitatif que qualitatif : si la forêt française est globalement sous-exploitée, il n’en reste pas moins que près d'une centaine d'espèces animales et végétales dépendantes des forêts sont menacées de disparition2. Il est donc nécessaire de faire évoluer la loi forestière et les orientations de gestion pour mieux préserver la biodiversité.

  6. Couper un arbre c’est tuer la forêt ?

    Réponse : faux

    Lorsqu’un arbre est coupé, il crée une ouverture dans la canopée et un puits de lumière qui permet aux plus jeunes de pousser. L’objectif, bien sûr, est de ne pas couper plus de bois que l’accroissement naturel et de le faire de façon respectueuse de l’écosystème pour ne pas compromettre sa faculté à se régénérer naturellement.

  7. Le bois est un matériau écologique car il stocke du CO2 ?

    Réponse : vrai, mais attention...

    Le dioxyde de carbone (CO2) est l’un des principaux gaz à effet de serre. Lors de sa croissance, un arbre absorbe du CO2 dans l’atmosphère pour le transformer en bois : il joue le rôle d’une pompe à CO2. Mais attention, il est important de savoir où a été récolté et transformé le bois que l’on achète avant d’affirmer que c’est un matériau écologique. En effet, le transport sur de longues distances et les émissions de gaz à effet de serre liées peuvent diminuer, voire inverser, ce bénéfice écologique. C’est le cas par exemple d’un parquet avec du chêne récolté en France, transformé en Chine et commercialisé en France : la quantité de CO2 émise lors de cette chaîne de transformation est plus importante que celle absorbée au final par le parquet.

  8. Les bois locaux ne pourront jamais être aussi résistants que des bois exotiques ?

    Réponse : faux

    De nombreux bois de pays ou acclimatés (chêne, châtaigner, mélèze, douglas, robinier...) sont naturellement aussi durables que des bois exotiques s’il sont correctement mis en œuvre. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à observer les anciennes maisons à colombage dont les bois ont traversé les siècles. De plus, depuis quelques années, de nombreux traitements propres ont été mis au point pour améliorer la durabilité des bois naturellement moins durables : il s’agit par exemple des bois modifiés par chauffage ou de l’oléothermie.

  9. Développer une filière bois locale, c’est garantir des emplois pour l’avenir ?

    Réponse : vrai

    En France, on estime que la filière forêt-bois représente 450 000 emplois directs et associés3. Les entreprises de la filière bois sont, en général, de petite taille, puisque deux entreprises sur trois emploient moins de 50 salariés4. De plus, ces entreprises sont relativement dispersées dans l’espace et maillent de façon remarquable les territoires ruraux. Elles permettent ainsi d’équilibrer l’aménagement du territoire.

    En dehors de la crise économique actuelle, la hausse structurelle du prix de l’énergie liée à l’appauvrissement des réserves de pétrole et aux efforts pour lutter contre les changements climatiques devrait bénéficier pleinement aux entreprises de la filière forêt bois. Cette filière représente donc un gisement considérable d’emplois, non délocalisables, pour le futur.

1. D’après Jean Puech (2009). Mise en valeur de la forêt française et développement de la filière bois.

2. D'après le WWF.

3. D’après le Ministère de l’Agriculture.

4. D’après le Ministère de l’Economie, de l’Industrie et des Finances, 2008. Le bois en chiffre.